Martedì, 11 Ottobre 2011 11:29

Joas, un espoir fragile (Philippe Abadie)

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Après le récit du coup d'État contre Athalie, décrit avec force détails, celui du règne personnel de Joas apparaît comme une épure. Comme si trop d'espoirs avaient été placés sur des épaules fragiles.

835 -796 avant Jésus-Christ

Le récit de 2 Rois 12 retient surtout du règne de Josias les mesures fiscales prises en faveur du Temple (2 R 12, 5-17). On y voit le jeune roi reprocher aux prêtres leur manque de zèle à réparer le Temple: «Alors le roi Joas appela le prêtre Yehoyada et les [autres] prêtres et il leur dit:
"Pourquoi ne réparez-vous pas le Temple? Il ne faut plus que vous receviez l'argent des gens de votre connaissance, vous le donnerez pour le dommage du Temple." » (2 R 12, 8.) Le prêtre Yehoyada fait alors placer un coffre à côté de l'autel des sacrifices, destiné à recevoir l'offrande votive des fidèles. Chaque fois que le coffre était plein, on le vidait de son contenu qui était pesé, compté, puis remis aux maçons et artisans afin de payer les travaux. Et ce, jusqu'à épuisement du montant total requis pour l'ensemble de la restauration du Temple. Toutes les sommes toutefois n'étaient pas dépensées à cet effet, puisque «l'argent versé pour la satisfaction d'un délit ou d'un péché [...] n'était pas livré au Temple de YHWH, il était pour les prêtres » (2 R 12,17).

Joas, figure du retour

Le lecteur est en premier lieu intrigué par la tournure polémique et juridique d'un tel récit: il accable les prêtres et établit une claire distinction entre ce qui leur revient et ce qui va au Temple. Visiblement, il ne peut s'agir d'une écriture ancienne, qui remonterait à une réforme du 8e siècle, au temps de Joas. On remarquera aussi que ce récit s'intègre dans une construction théologique très élaborée qui établit un étroit parallèle entre Jéhu (au nord) et Joas (au sud) et que met en évidence le tableau ci-dessous.
On peut dès lors s'interroger sur la nature « historique » d'un tel récit. Par ailleurs, on peut se demander si ce récit, centré sur le relèvement du Temple, ne renvoie pas en fait à une toute autre réalité, beaucoup plus tardive. Une analyse littéraire serrée mettrait en lumière son écriture analogue à celle d'un midrash, assez proche de celle du livre des Chroniques, donc tardive. Dans ce livre aussi, les rois réformateurs, comme Ézéchias, reprochent aux prêtres leur manque de zèle. Dès lors, cette réforme « supposée » au temps de Joas ne serait-elle pas la transcription d'une réalité vécue au retour d'Exil: 2 Rois 12, 7 précise qu'après plus de vingt années, le Temple n'est toujours pas reconstruit, tandis qu'au retour d'Exil, le prophète Aggée fait d'amers reproches aux Judéens plus soucieux de leurs maisons et de leurs champs que du sanctuaire de Dieu (Ag 1). Sous un mode narratif, 2 Rois 12 semble s'inscrire dans cette même logique d'urgence et de hâte. Dès lors, la
« restauration religieuse » attribuée à Joas n'est que la projection dans le passé de la situation judéenne des années 520 - 515. Comment expliquer un tel choix? Sans doute parce que le règne impie d'Athalie a été interprété aussi comme « un temps d'Exil » pour tout vrai Judéen; dès lors, Joas apparaissait comme une « figure de retour » dans la terre.

Deux indices de faiblesse

Joas pour autant n'est pas qu'un modèle, ce qui apparaît en deux événements mentionnés par le récit.. En premier, au cœur des guerres araméennes qui opposent Damas et Samarie (voir Biblia n. 57, pp. 26-28), Hazaël, roi d'Aram, menace maintenant Jérusalem. Joas ne doit alors son salut qu'en livrant au puissant souverain tous les trésors du Temple amassés depuis Josaphat (2 R 12, 18-19). C'est le signe d'une grande faiblesse face aux Araméens.
La deuxième donnée interrompt la notice conclusive: « Ses officiers se soulevèrent et ourdirent un complot; ils frappèrent Joas au Bet-Millo à la descente de Silla. Ce furent Yozakar fils de Shiméat, et Yehozabad fils de Shomer qui le frappèrent, et il mourut. » (2 R 12,21-22.) Mais pourquoi Joas fut-il victime à 46 ans d'un assassinat qui prend les traits d'une conspiration conduite par deux de ses officiers, dont le récit a gardé les noms? On est réduit aux hypothèses, mais peut-être pourrait-on y voir la réaction d'une frange plus dure, peu apte à s'accommoder aux faiblesses du règne? Demeure le fait que cet assassinat n'avait pas pour visée d'éliminer la dynastie puisque c'est le fils de Joas, Amasias, qui lui succède (2 R 12, 22b).

Philippe Abadie

(Biblia  n. 58, pp. 14-15)

 

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Fausto Ferrari

Religioso Marista
Area Formazione ed Area Ecumene; Rubriche Dialoghi, Conoscere l'Ebraismo, Schegge, Input

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