Sabato, 04 Novembre 2017 11:26

Un banquet qui finit mal (Lc 14, 15-24) (José Luis Sicre)

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Chez Luc, la parabole racontée par Jésus explique pourquoi dans la communauté chrétienne (le banquet) sont absents ceux auxquels on pouvait normalement s’attendre (les juifs), mais d’autres (les païens).

La parabole des invités à la noce s’inspire d’un poème du livre d’Isaïe à propos du grand banquet que Dieu va organiser « sur cette montagne », Jérusalem, banquet célébrant la joie, le salut et la victoire sur la mort pour tous les peuples. Banquet auquel tous sont invités.

Réinterprétation ironique de Luc (14, 15-24)

Le texte d’Isaïe pouvait provoquer chez le lecteur le sentiment que met Luc dans la bouche d’un auditeur de Jésus : Bienheureux celui qui mange dans le Royaume de Dieu ! ».Alors Jésus, avec beaucoup d’ironie et de réalisme, conte une parabole que nous pouvons diviser en deux actes :

Acte 1 : un homme organise un grand banquet, il envoie un serviteur appeler les invités ; les invités s’excusent poliment. Acte II : Irrité, l’homme envoie le serviteur inviter au banquet les pauvres, les infirmes,les aveugles et les boiteux, le serviteur obéit, mais il reste encore de la place ; l’homme l’envoie encore « jusqu’à ce que la maison soit pleine ».

Moralité : « Aucun de ces invités ne goûtera de mon festin ».

Chez Luc, la parabole racontée par Jésus explique pourquoi dans la communauté chrétienne (le banquet) sont absents ceux auxquels on pouvait normalement s’attendre (les juifs), mais d’autres (les païens). On passe de l’optimisme d’Isaïe au réalisme terrible avec le quel Jésus aborde toujours les questions.

Réinterprétation plus dure et plus critique de Mathieu

La version de Luc pouvait susciter dans les communautés chrétiennes un sentiment de satisfaction et de fausse sécurité. Pour l’éviter, Mathieu ajoute une dernière scène et introduit ainsi des modifications intéressantes ; les deux actes deviennent quatre :

Acte 1 : Un roi invite aux noces de son fils ; il envoie des serviteurs (au pluriel) ; les invités refusent d’y aller. Acte II : Le roi envoie d’autres serviteurs ; les invités n’en tiennent aucun compte et en tuent même certains ; le roi tue les assassins et incendie leur ville. Acte III : Le roi envoie recueillir tout le monde par les rues, les bons et les méchants ; la salle se remplit de convives. Acte IV : Le roi découvre l’un des convives qui ne porte pas de vêtement de noce, il le fait expulser du banquet.

Moralité : « Il y a plus d’appelés que d’élus ».

Mathieu a réinterprété la parabole à la lumière des évènements postérieurs et de façon ouvertement polémique avec les autorités religieuses juives.

A l’acte I, l’acteur principal n’est pas n’importe qui, c’est un roi (Dieu), qui célèbre les noces de son fils (Jésus). Et il ne dépêche pas un serviteur seul, mais plusieurs (en référence aux prophètes anciens et aux missionnaires chrétiens). Les invités, au lieu de s’excuser poliment, comme chez Luc, refusent simplement de se rendre au banquet.

Mathieu introduit alors un nouvel acte (II), où l’invitation du roi rencontre une opposition beaucoup plus forte (ils en viennent à tuer certains des serviteurs) et la réaction du monarque est terrible, parce qu’il envoie son armée avec mission d’en finir avec les assassins et d’incendier la ville (destruction de Jérusalem par les Romains (année 70).

L’Acte III présente aussi une nouveauté par rapport à Luc : ce ne sont pas des pauvres, des infirmes, des aveugles et des boiteux qui sont les invités, mais tous, bons et méchants. Le point de vue de Luc était socioéconomique (ce sont les exclus de la société qui entrent au banquet), celui de Mathieu est moral (tout type de personnes).

Mais Mathieu ajoute un nouvel acte , le IV, celui qui l’intéresse le plus : un invité se présente sans le vêtement de noces et il est jeté dehors.

Avec ces changements, la parabole explique pourquoi la communauté chrétienne est composée de personnes aussi inattendues et, en même temps, contient un rappel à leur intention. N’importe qui, bon ou mauvais, peut entrer dans le Royaume. Mais si on accepte l’invitation, il faut s’y présenter dignement vêtu.

Ni smoking, ni minijupe

Pour entrer dans une moquée il faut se déchausser. Pour entrer dans une synagogue, il faut être couvert. Pour entrer dans une église, on conseille ou on exige un vêtement digne. Mais le vêtement dont parle la parabole ne se mesure pas en centimètres et ne se caractérise pas par son élégance. Il s’agit d’une façon de se comporter avec Dieu ou avec le prochain. Ou pour reprendre une expression de Paul, il faut se revêtir de notre Seigneur Jésus Christ. Ce n’est pas un déguisement. C’est une façon de vivre et d’agir qui rappelle aux autres, si possible, comment lui vécut et se comporta.

José Luis Sicre

(Paru dans « fe adulta.com » Octobre 2017. Traduction Maurice Audibert)

 

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Fausto Ferrari

Religioso Marista
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